A lire en complément : C'est quoi un bon blog ?
Aujourd'hui, un court article pour aborder un problème très grave : les blogs et leur modèle économique. Et plus particulièrement les blogs lifestyle ou « verts ».
Une réflexion générale dont je voulais discuter avec vous depuis longtemps. Comment vivez-vous de votre blog ? Comment fonctionne un blogueur ? Et surtout quels sont les problèmes.
A lire aussi : Les 5 stratégies incontournables pour rester compétitif dans le marketing en ligne
Derrière ce titre un peu pompeux, je voulais vous parler des critiques qui surgissent encore très souvent sur les blogs à propos de partenariats variés et variés. Je lis régulièrement qu'il est dommage que tel ou tel article soit un partenariat, que telle ou telle tenue contienne majoritairement des vêtements proposés et souvent plus chers, même si l'on regrette l'ère des blogs 100% libres de marques.
Je connais bien les dérives de certains blogs ou encore plus largement maintenant de certains « influenceurs » comme on dit. Il a été depuis longtemps, la quantité a cédé la place à la qualité dans certains. Mais curieusement, les critiques que je lis sont rarement sur ces comptes et souvent plus difficiles sur les blogs « lifestyle » ou « verts ». Il y a derrière l'idée que si vous transmettez une idée écologique, une envie de « vivre mieux », il ne faut pas tomber dans le tort des partenariats avec des marques... comme si les gens étaient encore plus déçus sur ces blogs.
1 - Un blog professionnel est un véritable métier
Commençons par le début : oui, tenir un blog à temps plein est un vrai travail. Lorsque vous avez choisi ce chemin, en général, le blog est alimenté régulièrement, les photos sont soignées, parfois il y a des vidéos ou des reportages. J'en ai déjà parlé dans mon article « mon blog, pas mon travail », il y a une vraie différence entre garder un blog à côté de son travail et en faire ton travail ! L'essentiel est le temps : j'en suis la preuve, c'est impossible de tenir un blog aussi régulièrement et aussi proprement que je le souhaiterais, puisque je passe déjà 12 heures par jour au travail.
Un blogueur « pro » a 1000 limites de travail et des journées bien remplies. Et n'oubliez pas que comme tout travail que nous gérons seuls (indépendant, libéral...), si vous ne travaillez pas ou moins certains jours, vous ne gagnerez pas d'argent. La pression « créative » est certaine, il faut constamment de nouvelles idées, se renouveler, être original, conserver sa ligne éditoriale. Bref, les semaines d'un blogueur indépendant sont généralement bien supérieures à 35 heures. Il ne s'agit pas d'attendre sagement que les marques nous contactent, prennent 3 photos et conservent des cadeaux !
2- Le blogueur paie le loyer (et autres)
Déjà, brisons un mythe : aucun blogueur n'est un ours soucieux ! Et oui, comme nous tous, vous devez également payer beaucoup de frais fixes : loyers, factures diverses, assurance mutuelle, nourriture, dépenses courantes... C'est pour la base car nous verrons par la suite qu'il y a encore d'autres coûts.
Pour moi, tout cela est payé par mon salaire qui arrive à la fin de chaque mois. Mais d'où vient alors le salaire d'un blogueur ?
La première originalité, c'est que contrairement à moi, cela ne vient pas directement des personnes pour lesquelles un blogueur travaille : c'est-à-dire vous (et moi !) , lecteurs. Vous consommez le travail de quelqu'un gratuitement, car les blogs ont tous un accès gratuit (contrairement aux journaux en ligne, vous remarquerez).
En conséquence, le modèle économique des blogueuses nécessite le développement d'autres revenus. Nous parlerons ensuite principalement de partenariats mais les blogueurs ont développé de nombreux autres moyens de se payer : écriture de livres, lancement d'une marque, création d'un service, développement d'activités professionnelles telles que la rédaction Web, la gestion communautaire, etc.
C'est l'une des premières difficultés de le blogueur pro : être confronté à des statuts et des situations personnelles très différents. De nombreux blogueurs sont encore très jeunes, souvent étudiants et ont plus de temps libre pour alimenter un blog. D'autres ont des situations plus confortables grâce aux parents ou aux conjoints et peuvent se permettre plus de liberté sans salaire. Mais une grande majorité vivent comme vous et moi, ont besoin d'un salaire pour payer tous les frais d'une vie quotidienne (et d'un avenir incertain...).
3- Les partenariats ne sont pas un cadeau
Qu'est-ce qu'un partenariat ? Il s'agit d'une relation blogueur/marque qui peut prendre différentes formes : rédaction d'articles sur un produit ou un contenu, relayer des informations, des critiques de produits, des liens d'affiliation, une collaboration diversifiée, etc.
Et c'est évidemment ce qui est le plus souvent critiqué : le choix de tel ou tel partenariat ou le partenariat lui-même. Il y a beaucoup d'avis différents, mais celui qui me touche le plus est « trop facile à présenter, nous vous l'avons proposé ». Implicite, être blogueuse, c'est tellement cool, elle reçoit plein de cadeaux gratuits, ça fait des voyages qui sont trop gentils, mais donc elle s'éloigne de ces lecteurs qui n'ont pas les moyens de se payer toutes les choses qu'elle présente.
Cette phrase appelle beaucoup de remarques, nous essaierons d'être éducatifs (et de ne pas nous fâcher...)
— SPOILER : vous n'avez pas à acheter ce qui vous est présenté sur un blog. : N'oubliez pas que les mots « offerts par xxx » ne sont pas des incitatifs aux consommateurs ! C'est quand même fou de voir « c'est ennuyeux de nous donner envie d'acheter des choses que nous ne pouvons pas » apparaître partout. Ce n'est pas nécessairement le but de chaque blog et de chaque article. Parfois, cela ne permet que de faire connaître une marque et ses produits. Mais si cela vous donne envie d'acheter avec chaque article et que cela vous frustre, c'est à vous de revoir votre relation à la consommation.
— un partenariat n'est pas un cadeau, c'est un travail. Temps, matériel pour la photo ou la vidéo, ordinateur, etc. Produire du contenu n'est pas tangible mais cela a un coût pour la personne qui le fait !
Et même s'il s'agit simplement d'une expédition d'un produit sans récompenses visibles, il ne tombe pas du ciel. Envoyer des « cadeaux » ne sont en fait que des placements de produits sans nom : vous envoyez tel ou tel produit à un blogueur parce que son avis compte et qu'il a une communauté qui lira cet avis. Il s'agit donc d'une contrepartie au travail effectué en amont.
— et tout travail mérite d'être payé ! Offrir un cadeau à un blogueur ou nouer un partenariat, c'est exactement comme insérer une page d'annonce dans un magazine, vous payez pour cela ! Si la marque fait ce choix, ce n'est pas par gentillesse envers le blogueur, c'est pour profiter de sa visibilité et toucher une communauté souvent plus investie. C'est une opération de communication qui demande parfois beaucoup de travail à un blogueur, donc sans surprise, elle doit être payée.
Pourtant, de nombreux partenariats ne sont pas rémunérés ou très peu rémunérés. Surtout lorsque vous avez un blog orienté « vert » et que vous traitez principalement avec de petites marques ou de petits créateurs. Avoir une certaine éthique éditoriale complique généralement beaucoup la rémunération. Victoria, de Mango and Salt, a fait un bel article là-dessus, je recommande. De toute évidence, travailler avec L'Oréal ou Lancôme est souvent plus facile qu'avec des marques dépourvues de budget de communication. La plupart du temps, ce sera plus une expédition de produits et, attention encore une fois, un spoiler, les produits ne paient pas le loyer !
Et je pourrais développer que la rémunération est complexe à établir dans son ensemble. Dans mon cas, par exemple, mon salaire est fixé pour un certain nombre d'heures. Si je fais plus, je ne gagne pas plus (contrat de service public requis) mais je sais combien je « vaut » par heure pour mon travail (pas grand-chose hein ^^). Une blogueuse devra fixer sa rémunération en fonction du travail à effectuer mais cela ne tient généralement pas compte du temps « blanc » : traitement des e-mails, gestion de communauté, administration, etc.
4- Rémunération et salaire
Quand une blogueuse parvient encore à nouer des partenariats, à avoir quelques affiliations de marque, ou autre, elle reçoit une certaine rémunération à la fin du mois. Un peu comme mon salaire qui baisse à la fin du mois ?
n'a rien à voir là-dedans. Ça Mon salaire est net à payer, c'est-à-dire que nous avons déjà prélevé une part pour les contributions. Donc, le salaire que je reçois réellement a déjà payé ma sécurité sociale, ma retraite, etc. Je l'utilise ensuite pour payer mes frais fixes - loyer, chargement, nourriture, etc. - et mes loisirs si nécessaire.
Le salaire qu'un blogueuse indépendante reçoit à la fin du mois est loin de son salaire. Comme toute entreprise indépendante, vous devez retirer les coûts fixes liés à l'activité : frais (Internet, support de communication, achat d'équipement, Internet, etc.).
Mais attendez, ce n'est pas fini. Pour les frais, vous devez également ajouter les différentes taxes. Il existe plusieurs lois mais en règle générale pour un blogueur, il prévoit une taxe de 22 % sur les cotisations sociales, la CFE (contribution foncière) qui dépend de votre lieu de résidence. Nous pourrions ajouter une assurance professionnelle, une assurance mutuelle (où certains employés bénéficient du bénéfice mutuel de leur emploi), probablement de l'argent à économiser si vous prévoyez de prendre des vacances (oui pas de congé payé pour le blogueur), etc.
Bref, entre la rémunération qui sous-estime le temps passé, et qui apporte généralement beaucoup plus à la marque, tous les frais et taxes à conserver à l'esprit... le modèle économique des blogueurs a encore besoin d'idées innovantes pour être plus stable, durable et garantir la qualité.
5- Des partenariats pour plus de liberté
Lorsqu'une blogueuse souhaite gagner sa vie de son blog, elle doit trouver des partenariats variés et variés pour s'assurer un salaire. Mais ce n'est pas le seul objectif. Avoir un revenu monétaire prévisible signifie également avoir la liberté d'écrire sur d'autres sujets non rémunérés. De toute évidence, certains articles ne sont pas rentables puisqu'ils ne proviennent d'aucun partenariat et ne génèrent pas d'argent. Un peu comme un journaliste qui rédige un reportage gratuitement.
Pourtant, la majorité des blogs continuent d'écrire des articles approfondis sur des sujets importants, uniquement parce qu'ils s'en soucient. Ces articles, souvent les plus appréciés, ne sont possibles que parce que le blogueur reçoit une rémunération ailleurs.
Un exemple stupide, je font souvent de vous des articles « verts » comme le choix d'un sapin de Noël ou ma comparaison de routine beauté. Ce genre d'article me demande beaucoup de temps, de recherche, d'écriture, etc., et ne génère pas d'argent direct pour moi. Je les écris quand j'en ai le temps et ils sont évidemment très rares. Si mon blog était mon travail, je continuerais à écrire des articles comme celui-ci mais ce ne serait pas viable de le faire ! Quel salaire me permettrait d'écrire à nouveau ces articles ?
♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥
Alors oui, les partenariats peuvent parfois être ennuyeux pour le lecteur mais clairement un blog ne peut pas produire de contenu professionnel sans avoir une source de rémunération !
Pour résumer, l'article que j'écris me coûte probablement un peu, au moins du temps et de l'hébergement du blog. Et si les articles se font rares, c'est parce que si je Je voulais vous en offrir un tous les deux jours, je ne pouvais pas, même en termes de temps disponible. Ensuite, je vais devoir me consacrer uniquement à mon blog... mais cet article de type ne paiera pas le loyer, donc je serais obligé de proposer d'autres types de contenus qui me compensent pour pouvoir, à long terme, continuer à écrire sur ce que je veux ! Vous avez dit « cercle vicieux » ? Un peu oui !
Un dernier mot dans le mode « Rout ». Si je sais que de nombreux blogs abusent des partenariats pour nous pousser à la consommation ou nous initier à des aspirateurs ou à d'autres hypothèques, ce n'est pas le cas pour une grande majorité de la blogosphère qui survit depuis plusieurs années. Allez donc frapper à la porte des personnes qui dévalorisent le contenu de leur blog, pas celle des blogs qui tentent de trouver leur business model pour vous proposer un contenu toujours aussi qualitatif et gratuit. Le nombre de personnes qui suivent des blogs qui utilisent et abusent des partenariats, des concours qui n'ont rien à voir avec le thème du blog ou qui ne plus produire de contenu constructif... me laisse un peu douteux face aux critiques des blogs qui apportent réellement tout en établissant des partenariats choisis et intelligents.
Enfin, débarrassez-vous du fait que la majorité des blogueurs pro vivent avec 5 000€ par mois, notamment dans la catégorie lifestyle green. Ce qui vous agace à la lecture d'un article est sans aucun doute légitime mais c'est aussi de mettre en perspective le travail et la vie de la personne qui se cache derrière le blog.
Dernier conseil, blogueur pro ou non, nous ne travaillons pas gratuitement pour une marque, sauf exceptions particulières. Mais une fois qu'un travail vous prend du temps et est susceptible d'apporter beaucoup plus de notoriété à votre marque, ne le faites pas gratuitement (ce n'est pas bon pour vous et pour vos amis qui n'en ont pas les moyens).
Dites-moi votre avis à ce sujet, je serais ravi d'en discuter 🙂