Un chiffre sec, sans fard : selon l’ordre juridique, les porteurs d’actions ordinaires arrivent loin derrière lors de la liquidation d’une société. Créanciers d’abord, puis actionnaires de préférence, et enfin ceux qui détiennent les actions ordinaires, pour ce qu’il reste. Ces titres, bien qu’ils offrent un pouvoir de décision, peuvent voir leur droit de vote limité par des montages d’actionnariat, comme les actions à double droit de vote ou restreint. Quant aux dividendes ? Rien n’est acquis d’avance : leur versement dépend du verdict de l’assemblée générale et des performances réelles de l’entreprise.
Comprendre les actions ordinaires et de préférence : quelles différences essentielles ?
En matière de capital, une action matérialise la part de propriété d’un investisseur dans une société. Deux grandes catégories se démarquent : actions ordinaires et actions de préférence. Les premières sont la norme pour la plupart des épargnants et professionnels. Les secondes, plus spécifiques, permettent d’ajuster les droits ou avantages de certains actionnaires, souvent à l’occasion de négociations ou d’opérations ponctuelles.
Les actions ordinaires incarnent la base classique du capital social. Elles confèrent le droit de participer aux assemblées générales, d’engranger une part des dividendes votés chaque année et de profiter d’un éventuel gain lors de la revente. Mais à la clé, un risque non négligeable : en cas de liquidation, l’actionnaire ordinaire n’est indemnisé qu’après tous les autres. D’abord les créanciers, ensuite les détenteurs d’actions de préférence, puis seulement vient son tour.
Les actions de préférence se distinguent par des caractéristiques sur mesure, définies dans les statuts de la société. Elles peuvent accorder un dividende prioritaire ou fixe, multiplier les droits de vote, voire exclure toute voix au chapitre. Certaines sont convertibles en actions ordinaires, d’autres émises lors d’augmentations de capital qui nécessitent souvent l’intervention d’un commissaire aux apports, chargé d’évaluer précisément les privilèges accordés.
Pour saisir concrètement cette diversité, voici les principaux traits de chaque type d’action :
- Actions ordinaires : droits classiques, risque supérieur, perspectives de plus-value plus élevées.
- Actions de préférence : droits adaptés, dividendes privilégiés, parfois sans droit de vote.
La palette des droits liés à chaque action témoigne de la souplesse des sociétés à façonner leur capital selon leur stratégie et les attentes des investisseurs. Les statuts posent les bases, mais la réalité révèle souvent des arrangements plus nuancés que le simple clivage ordinaire/préférence.
Trois droits fondamentaux attachés aux actions ordinaires
Détenir une action ordinaire, c’est bien plus que posséder une fraction du capital social. C’est participer à la vie et aux décisions de l’entreprise. Trois atouts jalonnent cette position, loin d’une logique purement financière.
- Droit de vote. Lors de chaque assemblée générale, l’actionnaire ordinaire prend part aux choix stratégiques : désignation des administrateurs, validation des comptes, décisions structurantes comme une fusion ou un apport partiel d’actif. Le capital devient ici levier d’influence, chaque voix pesant dans la balance.
- Droit au dividende. L’action ordinaire permet d’obtenir une part des bénéfices distribuables, à condition que l’assemblée générale en décide. Le paiement du dividende n’a rien d’automatique : il matérialise la participation concrète aux résultats, en lien direct avec la performance de la société.
- Droit d’information. L’actionnaire ordinaire bénéficie d’un accès régulier à l’information : comptes annuels, rapports de gestion, résolutions soumises au vote. Cette transparence est indispensable pour exercer un vote éclairé et contrôler la bonne marche de l’entreprise.
Ce triptyque façonne la relation entre l’actionnaire ordinaire et la société, structurant à la fois l’équilibre des pouvoirs, la circulation de l’information et, finalement, la confiance dans le système boursier.
Quels sont les devoirs et responsabilités des actionnaires ?
L’actionnaire n’est pas seulement un propriétaire d’actions ordinaires, en attente de dividendes ou de plus-value. Il porte aussi des responsabilités. La première se traduit par l’engagement de fonds, sans certitude de retour si la société devait déposer le bilan. À la liquidation, il se retrouve en queue de peloton pour le remboursement, devancé par créanciers et, souvent, par les bénéficiaires d’actions de préférence.
En échange de ses droits, il se doit de respecter le cadre légal et statutaire. Les décisions prises en assemblée générale l’engagent moralement. Voter exige discernement et loyauté : chaque choix influence la stratégie, la gouvernance, la nomination des dirigeants. L’indifférence, l’absentéisme ou la recherche exclusive de rendement à court terme fragilisent le collectif et le fonctionnement de l’entreprise.
Par ailleurs, l’actionnaire peut être tenu pour responsable, parfois devant les tribunaux, en cas de manquements graves comme l’abus de majorité ou la gestion défaillante. Dans les sociétés à responsabilité limitée, la perte se limite à l’apport initial, mais la vigilance reste de mise, notamment dans les clubs d’actionnaires, chez les institutionnels ou parmi les salariés actionnaires. La diversité des profils et des intérêts peut influencer la stabilité de l’actionnariat.
Voici les principales obligations à garder à l’esprit :
- Respect du cadre statutaire et légal
- Vote réfléchi et responsable lors des assemblées
- Prise en compte de l’intérêt social sur le long terme
La société attend de ses actionnaires qu’ils soient des acteurs impliqués, moteurs de stabilité et de bon fonctionnement du capital social.
Faire le bon choix d’action : ce qu’il faut savoir avant d’investir
Opter pour une action ordinaire ou de préférence n’a rien d’anodin. L’action ordinaire donne accès à la gouvernance : droit de vote, accès à l’information, participation éventuelle aux bénéfices, et possibilité d’une plus-value à la revente. Mais elle expose à la variabilité du marché. En cas de liquidation, l’actionnaire ordinaire ne passe jamais prioritaire, devancé par les créanciers puis par les porteurs d’actions de préférence.
L’action de préférence, de son côté, offre souvent un dividende fixe ou prioritaire et, selon les statuts, un droit de vote renforcé, voire inexistant. Certaines sont convertibles en actions ordinaires, d’autres non : tout dépend des besoins de financement et des choix de structuration. L’émission de ces titres s’accompagne fréquemment d’un rapport de commissaire aux apports, garantissant l’équité entre les différentes catégories d’actionnaires.
Pour investir, il existe deux circuits principaux à connaître :
- Marché primaire : acquisition lors de l’émission des actions (introduction en bourse ou augmentation de capital).
- Marché secondaire : échanges entre investisseurs, sur des plateformes réglementées comme Euronext, sous le contrôle de l’AMF.
Avant toute décision, il convient d’examiner la liquidité de la valeur, la répartition du capital social, la présence éventuelle d’actions gratuites ou de stock-options. Les statuts de la société fixent précisément les droits associés à chaque catégorie d’actions. Miser sur les actions ordinaires revient à parier sur la durée, l’influence et le risque ; les actions de préférence séduisent ceux qui cherchent stabilité et prévisibilité. À chacun de choisir son rôle dans cette partition, en fonction de son appétit pour le risque et son implication dans la vie de la société.


