Sanctionner un salarié en arrêt maladie : règles et solutions à connaître

Licencier un salarié au seul motif de son arrêt maladie : la loi l’interdit, mais la réalité du terrain s’avère bien plus nuancée. Certains motifs permettent de rompre le contrat de travail, même durant une absence justifiée. Entre la protection du salarié et les prérogatives de l’entreprise, la ligne de crête reste le théâtre de nombreux litiges.

Des sanctions disciplinaires restent envisageables face à un abus manifeste ou un manquement grave. Mais chaque procédure doit être menée avec une vigilance absolue. L’employeur qui agit sans précaution s’expose à la nullité de sa décision et à des sanctions financières non négligeables.

Sanction et arrêt maladie : ce que dit la loi

Le code du travail balise strictement les démarches de sanction à l’encontre d’un salarié en arrêt maladie. Dès lors que le contrat de travail est suspendu pour raison de santé, l’employeur ne peut ni sanctionner ni licencier pour ce seul motif. C’est écrit noir sur blanc dans les articles L1132-1 et L1226-9 du code du travail : toute mesure fondée sur l’état de santé est prohibée.

Pour autant, cette protection n’efface pas l’ensemble des droits de l’employeur. Une faute grave, étrangère à la maladie ou à l’état de santé, peut donner lieu à une sanction disciplinaire. À charge pour l’employeur d’en apporter la preuve. Un arrêt maladie n’exonère pas le salarié de ses obligations contractuelles : loyauté, confidentialité, respect du règlement intérieur continuent de s’appliquer.

Voici les principaux points à avoir en tête :

  • La mise à pied disciplinaire pendant un arrêt maladie n’a de valeur que si la faute remonte à avant l’arrêt ou se situe hors du contexte médical.
  • La protection s’étend aux situations de maladie professionnelle ou d’accident du travail, renforçant encore la prudence à adopter.

Les juges ne tergiversent pas : le motif disciplinaire doit rester totalement indépendant de la maladie. Le moindre mélange des genres ouvre la voie à une annulation de la sanction, et expose à un contentieux pour discrimination. Chaque étape doit s’appuyer sur une connaissance solide du droit du travail et sur la vigilance face aux spécificités de chaque situation.

Quelles limites pour l’employeur face à un salarié en arrêt maladie ?

Le droit social impose un cadre strict : aucun licenciement ni sanction ne peut reposer sur l’état de santé du salarié. Cette protection s’applique à tous les arrêts, qu’ils relèvent d’une pathologie ordinaire, d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle. Il suffit d’une erreur de procédure pour que le dossier soit porté devant le conseil de prud’hommes.

Cependant, la suspension du contrat ne constitue pas une immunité totale. Un licenciement peut parfaitement avoir lieu, mais uniquement sur une cause réelle et sérieuse sans rapport avec la maladie. Cela peut concerner la suppression d’un poste pour motif économique, ou une faute qui n’a aucun lien avec l’absence médicale.

Pour y voir plus clair, retenez les situations suivantes :

  • Le licenciement pour inaptitude est très encadré : il doit résulter d’une impossibilité avérée de reclassement, constatée par la médecine du travail.
  • Dans la lettre de licenciement, toute mention à l’état de santé du salarié est à proscrire absolument.

La moindre imprudence peut entraîner la requalification du licenciement en discrimination, rendant la procédure nulle. C’est là que la rigueur et la préparation prennent tout leur sens : l’arrêt maladie ne doit jamais servir de prétexte, même indirect. Les juges examinent le contexte, la chronologie des faits, la nature précise des reproches. Le respect du cadre légal est la seule voie fiable pour agir.

Procédures à respecter : sécuriser toute démarche disciplinaire ou de licenciement

Envisager une procédure disciplinaire à l’encontre d’un salarié en arrêt maladie, c’est marcher sur des œufs. Le code du travail impose une marche à suivre stricte, qui commence systématiquement par la convocation à un entretien préalable. Cette convocation doit être envoyée au domicile du salarié, en recommandé ou remise en main propre contre décharge, avec au moins cinq jours ouvrables entre la réception et l’entretien.

La mise à pied disciplinaire se heurte à la suspension du contrat de travail : tant que le salarié est en arrêt, il ne travaille pas et n’est pas payé. L’employeur ne peut donc pas prononcer de mesure conservatoire pendant cette période. Seule exception : si la faute a eu lieu avant l’arrêt ou s’est révélée ensuite, la sanction est envisageable, à condition d’en prouver l’existence.

Pensez à respecter ces points fondamentaux :

  • Le délai de prescription est de deux mois à partir du moment où les faits sont connus.
  • La lettre de sanction ou de licenciement n’est remise qu’après l’entretien préalable, jamais avant.
  • Les motifs invoqués doivent rester totalement neutres sur la question de la santé ou de l’absence médicale.

La rupture du contrat de travail pour motif disciplinaire doit s’appuyer sur des faits objectifs complètement étrangers à l’arrêt maladie. La moindre faille dans la procédure, convocation, délais, contenu de la lettre, ouvre la porte à une contestation devant le conseil de prud’hommes. L’employeur doit avancer avec méthode, documenter chaque étape et garder trace de tous les échanges.

Manager RH discutant avec un employé dans une salle de réunion

Quand et pourquoi solliciter un conseil juridique spécialisé ?

Faire appel à un conseil juridique spécialisé n’est pas réservé à quelques grandes structures : la moindre incertitude suffit à justifier une expertise, surtout lorsque la santé du salarié entre en jeu. Entre arrêt maladie, suspension du contrat de travail et protections légales renforcées, l’employeur doit manœuvrer avec une extrême prudence. Toute référence à l’état de santé dans une sanction expose à la nullité de la procédure et à un revers devant les prud’hommes.

Certains cas de figure exigent une expertise pointue :

  • Le salarié bénéficie d’une protection renforcée (représentant du personnel, accident du travail, maladie professionnelle).
  • Le manquement reproché a eu lieu pendant l’arrêt ou en lien avec celui-ci.
  • Un licenciement pour cause réelle et sérieuse est envisagé alors que l’absence se prolonge.
  • Un litige devant le conseil des prud’hommes se profile.

Un avocat en droit du travail ou un juriste spécialisé saura analyser la jurisprudence la plus récente, décrypter les décisions de la Cass. Soc. et anticiper tout risque d’annulation lié à une erreur de procédure ou à une discrimination. Prendre conseil en amont, c’est assurer la qualification exacte du fait reproché, vérifier la conformité du dossier, adapter la communication et réduire le risque d’un licenciement contesté. La défense de l’employeur se construit dans la rigueur, mais aussi dans l’appui sur des compétences éprouvées.

Dans ce jeu d’équilibre, chaque mot compte, chaque démarche s’écrit sous la loupe : la prudence, la préparation et l’expertise font la différence quand tout peut basculer sur une simple mention malheureuse.

D'autres articles sur le site